Après seulement deux courses dans ce championnat 2009, nous pouvons déjà tirer quelques conclusions par rapport aux forces en présence. Le visage de cette nouvelle édition n'a en rien à voir avec ce qui s'est déroulé les saisons passées. Les vainqueurs d'hier boivent la tasse tandis que les "chicanes mobiles" des années passées sont désormais en tête des feuilles de chronos. Petit aperçu après les Grand-Prix d'Australie et de Malaisie.
McLaren Mercedes : Hamilton fait ce qu'il peut
McLaren se serait bien passée d'une nouvelle polémique. Deux ans après l'affaire d'espionnage qui lui avait valu d'être exclue du championnat du monde, l'équipe de Woking est de nouveau au centre de la tourmente. En cause, le dépassement de Lewis Hamilton sur Jarno Trulli lors du dernier Grand-Prix d'Australie (
cf. notre article sur le sujet). L'affaire pourrait avoir plus de conséquences que prévu puisque Martin Whitmarsh, le successeur du légendaire Ron Dennis, pourrait être contraint à la démission pour avoir pris des vacances familliales en Malaisie avant d'avoir tiré au clair cette sombre histoire. Celui-ci a déclaré s'en remettre à la décision de ses actionnaires. Son sort sera sans doute lié à la décision du Conseil mondial du 29 avril, devant lequel l'équipe est convoquée une nouvelle fois.
Sur la piste, Lewis Hamilton fait de son mieux pour compenser le manque de performance de sa monoplace. En Australie, sans son déclassement post-course, il avait réussi à accrocher une très belle 4ème place après s'être élancé à la 18ème place. En Malaisie, il aura réussi à surnager dans la tempête pour finalement accrocher la septième place, ce qui lui permet de compter un point au compteur.
Quant à son coéquipier, le Finlandais Heikki Kovalainen, il n'a pour l'instant couvert un seul tour cette saison. En Australie, il fut impliqué dans l'accident du premier virage. Et il partit à la faute tout seul lors du premier tour du Grand-Prix de Malaisie. Il semble donc que McLaren ne peut compter que sur son champion du monde pour se tirer de cette mauvaise passe, en limitant la casse le temps que les ingénieurs de Woking trouvent des sources d'améliorations.
Ferrari : la crise n'est pas loinQue se passe-t-il à Maranello ? Où est passée la brillante équipe des saisons passées ? En effet, Ferrari est la véritable déception de ce début de saison. Après deux courses, le constat est sans appel et impitoyable : un zéro pointé ! 17 ans que cela n'était pas arrivé à la Scuderia. Elle pointe aujourd'hui à la dernière place du championnat, derrière Force India !
On dit Stefano Domenicalli, le successeur de Jean Todt à la tête de l'équipe au cheval cabré, sur la sellette, surtout qu'un certain Michael Schumacher est de plus en plus présent sur le bord de la piste. L'expérience et la science de la course du septuple champion du monde ne seraient peut-être pas de trop, tant les erreurs de stratégie ont été flagrantes lors de ces deux premières courses.
Cela fut tout particulièrement vrai lors du GP de Malaisie. Ainsi le samedi, la Scuderia fit preuve d'un optimisme démesuré en ne faisant pas ressortir Felipe Massa lors de la première phase de qualifications. Celuic-ci fut donc contraint de partir de la 16ème place. Jamais avec les bons pneus lorsque la situation se dégrada le lendemain, il ne put faire mieux que 9ème à la fin.
Mais la plus grave erreur fur signée le dimanche. En effet, Kimi Raikkonen, alors 5ème en course, fut appelé aux stands pour passer des pneus pluie extrême... 4 tours avant tout le monde. Le pilote finlandais vécu alors un calvaire, incapable de suivre le rythme de ses concurrents. Les inquiétudes sur l'étanchéité de son KERS le poussa alors à rentrer aux stands prématurément en raison de la pluie.
La fiabilité semble donc faire encore défaut au sein de la Scuderia puisque les deux monoplaces rouges avaient déjà été contraintes à l'abandon lors du GP d'Australie. Il devient déjà urgent de réagir afin de ne pas laisser échapper ses rivaux aux championnats.
BMW : en bonne voieKubica est passé très près de la victoire en Australie (avant son accrochage avec la Red Bull de Sebastian Vettel), son coéquipier Nick Heidfeld signe la deuxième place lors du GP de Malaisie. C'est donc un début de saison satisfaisant pour l'équipe bavaroise, même si le résultat comptable n'est pas encore à la hauteur de ses espérances puisqu'elle pointe à 21 points de l'équipe Brawn GP.
Par contre, il va falloir que Robert Kubica marque rapidement de gros points puisqu'il fut de nouveau contraint à l'abandon par un problème mécanique lors du premier tour du GP de Malaisie. Pour un candidat déclaré au titre, il devient urgent de déclencher son compteur points. La performance de sa monoplace devrait lui permettre de le faire dès le prochain Grand-Prix, en Chine.
Renault : c'est dur
Renault est un peu dans la même situation que McLaren-Mercedes. En effet, seul son pilote numéro 1, Fernando Alonso, semble en mesure de compenser le manque de compétitivité de sa voiture. Après s'être arraché pour rentrer dans la Q3, il réalisa un superbe départ pour être troisième au premier tour. Mais avec beaucoup plus d'essence que ses rivaux, il dut les laisser filer tandis que son erreur dans le final l'empêcha de tirer parti de son arrêt aux stands tardif.
Renault doit donc, pour l'instant, se contenter de la 5ème place d'Alonso en Australie puisque Nelsinho Piquet est pour l'instant inexistant. Auteur d'un bon début de course en Australie, ce dernier partit à la faute tout seul. En Malaisie, il fut transparent en partant de la 17ème place pour finir 13ème.
L'équipe française semble placer pour marquer de manière relativement régulière mais le podium semble bien difficile à obtenir à la régulière.
Toyota : la victoire n'est pas loin
La seule équipe nippone en F1 depuis le départ de Honda cet hiver semble plus proche que jamais de la victoire. En effet, les performances sont remarquables depuis le début de saison. Ainsi Jarno Trulli et Timo Glock ont inversé leur place entre l'Australie et la Malaisie puisque l'Allemand a remplacé l'Italien sur le podium malais.
Toyota occupe une sérieuse seconde place au championnat du monde des constructeurs et semble en très bonne position pour profiter du premier faux pas de Brawn GP. La victoire n'est donc plus très loin...
Toro Rosso : une saison délicate...
Profitant des difficultés et disqualification des autres équipes en Australie, les deux pilotes Toro Rosso sont rentrés dans les points (7ème et 8ème). Mais le week-end malais du rookie Sebastian Buemi fut beaucoup plus délicat avec une sortie de piste dès la Q1 puis une autre sous le déluge de fin de course. Son coéquipier, le Français Sébastien Bourdais, aurait pu tirer son épingle du jeu si la course avait été relancée. Il n'en fut rien et il dut se contenter de sa 10ème place.
Il faudra sûrement profiter des erreurs des autres pour espérer marquer des points car cela paraît bien délicat à la régulière, tant le niveau de performance est relevé cette saison.
Red Bull : la révélation à concrétiser
Adrian Newey, qui amena Williams et McLaren aux sacres suprêmes, semble avoir une nouvelle fois dessiné une excellente monoplace. Sans les fameux diffuseurs de Brawn et Toyota, ni le KERS de Ferrari, McLaren et BMW, les monoplaces au taureau rouge sont extrêmement performantes. Vettel fut longtemps second lors de la manche inaugurale avant de s'accrocher avec la BMW de Kubica en fin de course. Une sortie de piste en fin de course en Malaisie anihila une nouvelle fois sa magnifique course. Son coéquipier, Mark Webber tira son épingle du jeu avec une sixième place en Malaisie mais sans ses erreurs de choix de pneus, le podium aurait pu être envisagé.
Le potentiel pour de gros points est là, reste à le concrétiser.
Williams-Toyota : la bonne surprise
La gestion des pneus coûte très cher à Williams en ce début de saison. En Australie, les pneus tendres mis en fin de course en Australie firent rétrograder Nico Rosberg. Une nouvelle erreur dans les choix des pneus lors du début de pluie en Malaisie ruina le superbe début de course du pilote allemand alors qu'il avait pris la tête lors des 15 premiers tours de la course. Il peut donc nourrir de sérieux regrets de ne pas avoir plus que 3,5 points au championnat.
Son coéquipier, Nakajima, semble, quant à lui, être un ton en-dessous de son coéquipier mais il reste toute fois un candidat sérieux aux points réguliers.
Force India : rien de nouveau
La saison va être longue pour l'écurie indienne. Malgré le changement de motoriste à l'intersaison (de Ferrari à Mercedes), Force India reste malgré tout abonné aux dernières places du classement. 9ème et 11ème en Australie, Giancarlo Fisichella et Adrian Sutil ne purent faire mieux que 17ème et 18ème à Sepang. Et rien n'indique que cela va changer lors des prochaines courses.
Brawn GP : intouchables
L'écurie du stratége de la grande époque de la Scuderia Ferrari signe un début de saison de rêve : après un doublé inaugural en Australie, Jenson Button a récidivé en Malaisie pour signer la troisième victoire de sa carrière. Et son coéquipier, Rubens Barrichello, aurait pu faire mieux que sa 5ème place s'il n'avait pas été retardé aux stands lors des multiples changements de pneumatiques.
L'écurie est sans aucun doute l'équipe à battre en ce début de saison mais son sort reste lié à la décision du conseil mondial du 14 avril, qui se prononcera sur la légalité des diffuseurs "magiques" de l'équipe de Growe. Pour l'instant, seul un changement de boite de vitesse sur la monoplace de Rubens Barrichello, ce qui lui couta cinq places sur la grille malaise, vient un peu entâché le tableau de Brawn GP.